Théorème de J.B. Corot : « la ville de Copenhague est équipée de 350 km de pistes cyclables surélevées, séparées de la route et très sûres » dont plus de 550 km font les trottoirs d’Orléans et son agglomération.
Ce n’est pas tout de prendre sa bicyclette pour se promener, de monter à vélo pour réclamer de l’espace ou le droit de circuler… pourquoi pas en sécurité au point au nous en sommes. Non, parfois les meilleurs voyages sont intérieurs, tous les sages vous le diront « par temps de pluie, une boisson chaude, un fauteuil et un livre suffisent au bonheur », met avis qu’un pardessus devrait satisfaire à la protection contre la pluie fine, enfin, parlons livres.
Ce n’est pas un livre qui parle vélo mais plutôt des atermoiements d’un bourgeois de la fin du XIXème à ne pas pouvoir suivre la mode nouvelle, mode qui consiste dans ses loisirs, non plus à ce déplacer en voiture à cheval, mais avec cet engin de fer forgé.
Le texte a été écrit en 1906 et certains arguments développés, à l’époque, pour ne pas monter sur une bicyclette sont obsolètes aujourd’hui, plus que tout pour une population qui a connu le vélo enfant. Cependant, les même arguments pourraient illustrer les propos tenus, par des adultes, ici ou là concernant les politiques de transport.
C’est très bien écrit, je ne vous publigâcherai pas la fin et me contenterai ici de copier un paragraphe :
L’un de ceux qui m’étonna le plus fut mon éditeur Emilio Trevers. Puis mon cher ami Daghetto – dinandier¹ socialiste et conseiller général –, qui passa près de moi un soir à toute vitesse en me souriant, comme s’il voulait me dire par là : « Tu restes derrière, mollasson ! »
L’un des derniers que je découvris fut le sculpteur Tabacchi ; je le vis dans un tramway avec le bras en écharpe : je lui demandai comment il s’était fait mal ; il me répondit : « L’è nagotta² » ; j’insistai, et il me confessa alors pudiquement qu’il était tombé de cette affaire. « Toi aussi ! » m’écriai-je avec un regret sincère. Oui, lui aussi ! Je restais donc presque seul à user mes semelles en battant le pavé ; toute ma génération volait.
¹ dinandier : personne qui travaille des objets en cuivre ou de différents alliages par martelage. Chaudronnier, ferronnier.
² « Ce n’est rien » (dialectal).
Le temps de l’action est la fin de la « révolution culturelle » et la bicyclette est utilisé comme une sorte de fil rouge entre les nouvelles (l’auteur va à un moment donné laisser le vélo pour l’auto, et revenir au vélo ensuite).
La bicyclette est réellement l’héroïne de la première nouvelle uniquement. Cette nouvelle nous transporte d’une société l’autre en partant des bicyclettes dont les marques « Yongjiu » et « Fenghuang » constituaient les valeurs sures et la marque « Jinshi », la nouveauté pour finir par un vétété de marque « Giant ».
Du haut de sa bicyclette, l’auteur nous invite à une promenade assez tranquille dans la ville de Suzhou. Au fil du chemin, les souvenirs sourdent les uns après les autres.
Un jour, j’ai pédalé un long moment derrière une Fenghuang. Son propriétaire avait une cinquantaine d’années et à côté pédalait une fillette, cartable au dos. Elle conduisait un Giant, marque très à la mode ces derniers temps ; c’était un VTT de couleur orange. On voyait qu’il s’agissait du père et de sa fille. Puis j’ai poursuivi mon chemin, sans prêter attention à ce qu’ils se disaient en roulant. Ce que je veux que vous sachiez tous, et dont je suis certain, c’est que ces deux bicyclettes avançant côte à côte discutaient aussi entre elles. Que pouvaient-elles bien se dire ? Ça, chacun de nous peut le deviner, car leur conversation étaient toute simple.
La vieille Fenghuang noire disait : « Ralentis un peu, songe au passé ! »
Le Giant orange disait au contraire : « Accélère un peu, songe à demain ! »
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