« Nihil novi sub sole – Rien de neuf sous le soleil » ⋅ Anne Quesemand

Il y a une élection bientôt et vous êtes bien libres de faire ce que vous voulez. Comme dit le dicton « tous les ânes de la foire ne se valent pas ». Ci après la présentation d’un des meilleurs livres d’analyses politiques qui soit.

Nihil novi sub sole

Violence à l’école (un enfant de sept ans frappe un professeur) — Contre la méthode globale — Violence au stade — Insécurité — Corruption des politiques — Rivalité pour le pouvoir — Destruction de la nature — Moyen-Orient — Regret du bon vieux temps.

et cetera desunt.

Ces textes ont été écrits par des auteurs latins (Plaute, Cicéron, Salluste, Tacite, Sénèque, Ovide, etc) il y a environ 2000 ans…

Sont ainsi remis à leur place aussi bien les enthousiasmes excessifs à propos du passage au IIIème Millénaire que les pessimismes exagérés des prophètes de la décadence, par un ouvrage qui montre que l’homme reste l’homme et que ses comportements n’ont pas changé, et propose un relativisme amusé qui n’exclut pas l’indignation ou la réprobation morale là où elles s’imposent.

Nous sommes sur un jouèb « transport », voyons le paragraphe qui le traite, car le problème n’est pas nouveau. Y est présenté un texte de Juvénal ¹:

Satire III (embarras de Rome) :

[…] Le passage des voitures dans l’étroitesse sinueuse des rues, le vacarme d’un troupeau bloqué arracheraient le sommeil à Drusus² ou à des veaux marins.

Si une affaire l’appelle, le riche sera porté, la foule lui cédant le passage […]. Et il arrivera avant (tout le monde) : nous qui nous hâtons, le flot qui nous précède nous fait obstacle, la masse de gens qui nous suit en grande foule nous presse les reins ; celui-ci me cogne d’un coup de coude […]. Et le clou d’un soldat se plante dans mon doigt de pied.

Déjà le bruit et les nuisances du milieu urbain, déjà les bouchons pour le péri-urbain. Mais si le citoyen subit, les affairistes d’alors avaient les moyens de s’élever au dessus de la masse. À cette époque, les viaducs n’étaient pas construits de manière inconsidérée, tout comme les parcs de sport, car un bâtiment chez les romains avait une fonction autre que se faire reluire le nombril. « Ambition & rivalité », « pouvoir & profit », « servilité & flatterie » sont des chapitres de ce petit livre.

Eût été la bicyclette inventée que sa roue aurait eu les honneurs du clou sur la chaussée.

À lire et à méditer.


Attention, ce livre se trouve difficilement en neuf, faites le marché de l’occasion.

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¹ Decimus Junius Juvenalis (env. 60-130 de notre ère). Entre 120 & 130, il publie en cinq livres, seize Satire qui mettent en scène et fustigent non seulement les tares de la société romaine, mais également celles de l’homme en général…

² désigne ici sans doute l’empereur Claude.

Un commentaire

  1. Le clou en l’occurrence était fixé à la semelle de la sandale du soldat (la fameuse caligae) et notre bon auteur se faisait marcher sur le pied. Mais sans doute les soldats perdaient-ils leurs clous parfois…

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