Théorème de J.B. Corot : « la ville de Copenhague est équipée de 350 km de pistes cyclables surélevées, séparées de la route et très sûres » dont plus de 550 km font les trottoirs d’Orléans et son agglomération.
[…] Le NaNoWriMo (Mois (inter)National de l’Écriture de Romans) est une façon amusante et stimulante de concevoir l’écriture de romans. Les participants commencent à écrire le 1er novembre. Le but est d’écrire un roman de 175 pages (50 000 mots*, soit 1666 mots/jour) avant minuit le 30 novembre.
Mettant en avant l’enthousiasme et la persévérance plutôt qu’un travail méticuleux et soigné, le NaNoWriMo est un programme d’écriture pour tous ceux qui ont un jour pensé écrire un roman mais ont été effrayés par le temps et les efforts que cela demandait. […]
Encore une fois, l’engagement est pris « pour soi-même », il n’y pas d’obligation de publier, d’exposer, slammer, chanter, rapper son NaNo.
*mon objectif est 30 000 mots (soit 1 000 mots/jour)
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Les pleurs des cieux furent encore ce jour-là les seuls habits de la cité johannique. Du matin au soir, ce fut un peu, beaucoup, en accord avec le gris de la ville que la pluie tomba.
Pour Gaubert, finir la journée consistait à sortir du lycée, traverser la cour, passer le portillon et retrouver la chaleur de la voiture de sa mère. Cependant avant, il lui fallait se plier dans son manteau de laine, espérant ainsi éviter les désagréments de la pluie.
Par le portillon, pour l’instant bloqué par l’importance du nombre d’élèves désirant sortir, il apercevait la rue, son animation vespérale à laquelle le Qashqai© noir de sa mère participait. Malgré l’âge du véhicule, les lignes semblaient encore originales ainsi posée au milieu de cet environnement tracé à la règle. Ces réflexions étaient siennes depuis sa récente passion pour l’architecture.
Ce quartier d’Orléans, surnommé quartier gare, s’était trouvé détruit le temps de la dernière guerre. Bien sur, une fois celle-ci terminée, la vie avait repris racine, mais pendant les années soixante, soixante-dix, la mairie y mena une entreprise de modernisation, doux euphémisme pour nettoyage, déconstruction, autoroute urbaine, tout ceci sans oublier la gare en elle-même. Le bâtiment du 19ème siècle, d’une arrivée du train qui ne s’était pas faite sans mal, fut rasé. Il fallait bâtir « moderne », capter le vent nouveau de la vitesse et des progrès. D’aucuns disent « servir les intérêts particuliers de la truelle et du compas ». Le résultat se donne à voir dans ces lignes aussi droites que l’autoritarisme de cette politique.
Pour Alvina Madalyn, c’était encore un jour sans joie qui s‘achevait. Elle décida de changer son humeur sur son profil Twitter© en fonction de cet état d’esprit.
Elle était ici en train d’attendre de la même manière qu’elle passa la journée a attendre le chaland dans son salon de sophrologie. Alvina officiait également en qualité énergéticienne et compose quelques fois des chansons pour ses fidèles qui chantent accompagnés de son orgue Bontempi©. Ils chantent et s’applaudissent, cela ne fait pas de mal et distille un peu de joie pour pas cher.
« Un arbre dans une jardinière de ciment… là do si… tombe la pluie ! Montre encore un peu de vert… la do si… tombe la pluie ! Il souhaite monter de la terre vers le ciel… »
Peut-être changer l’ordre des mots du troisième vers « Souhaite monter du ciel vers la terre », oui, c’est mieux ainsi, cela produit une assonance vibratoire. Ces notes sont celles prises par Alvina dans de petits carnet noirs qui jamais ne la quittaient.
Elle était heureuse de se savoir en capacité de porter un regard distancié sur son monde et disait souvent merci à la possibilité de le pouvoir voir à travers le pare-brise de sa voiture garée sur la piste cyclable, le temps de la sortie des écoles, face à un arbre en pot.
Gaubet finit par sortir du lycée et, les pieds dans une flaque d’eau, s’apprêtait à traverser.
Pour un cycliste, une journée comme celle-ci est marquante car il en arrive toujours une.
Bien sur le mois de novembre est là avec son cortège de pluie, de vent, de feuilles, bien sur il y a le changement d’heure ce qui induit une nuit plus présente ; rien de nouveau dans ce domaine années après années et 2019 ne déroge pas à la règle, mais, après une dure journée de labeur, Piarron pour une fois aurait aimé un trajet vélotaf des plus agréables, pouvoir circuler comme dans une boite de coton.
Sous la pluie, 15 km semblent se multiplier pas 3. Et une branche tombée en travers du chemin dans la forêt d’Orléans, une mare qui se forme sur la route sous l’action conjuguée de l’absence d’entretien et de la pluie, et cette limace devant qui n’aide en rien, à croire que d’être emprisonnée dans l’étron de ciment est pour lui plaire. Fichu trajet… sauf à l’insérer dans le mois de l’écriture ou alors en faire un haiku pour se passer les nerfs :
Étrange escargot
Danseuse vêtue de jaune
File le vélo.
Mais quelle idée aussi d’être passé par le cimetière se pensa Piarron. Enfin, la rue Émile Zola se montre, une priorité à droite après l’ancienne prison, des feux mal agencés mais une belle ligne droite puis le boulevard et enfin la maison.
« Et connasse de voiture, tu quittes le stationnement de la librairie sans regarder, je suis là ! ». Tic-tic-tic fit la sonnette rendue muette par la pluie. La bagnole pila et laissa le cycliste passer. Il marqua même l’arrêt au feu rouge, juste à côté du bus des transports de la région. Cette présence lui signifiait d’être prudent le long de la bande, encore plus un jour de pluie.
Deux gardes champêtres passaient dans cet embryon de jungle urbaine, à la recherche d’un abris quelconque. Le feu passa au vert.
Gaubert monta dans le Qashqai© noir. Une fois assis, sa mère embrassée, il allume le poste de radio :
« Radiorange, la radio du bleu de la terre d’Orléans. Il est six heure moins cinq, dans un instant le journal de six heure mais en attendant, retrouvons Anaïs qui a retrouvé, elle, son mojo… »
Crac fit le rétroviseur en même temps que d’être rabattu contre la portière. D’un côté le bus, de l’autre, une bagnole garée comme une merde, le cycliste songe en premier à sa sûreté. Il pleut, il veut rentrer chez lui. Il passa au plus facile.
Encore un feu tricolore, il s’arrêta. Une tape sur l’épaule fit se retourner notre Piarron.
« Ça t’amuse d’abîmer ma voiture !
— Mais, mais, mais…
— Ça te fait plaisir de casser les rétro ? Connard !
— Mais, vous étiez sur la bande, il ple…
— Tu as touché ma voiture connard !
— J’ai rabattu le rétro…
— Il y avait une urgence médicale, je suis sophrologue.
— C’est quoi c’te connerie. S’il y avait urgence, il y aurait les pompiers et je ne vois rien. L’amende pour stationnement sur les pistes cyclable est de 135 euros.
— Mon fils est malade.
— C’est ça, et moi je suis la reine d’Angleterre !
— J’te retrouverai connard ».
La scène faisait rire les badauds qui attendaient aux feux. Le cycliste repris sa route, l’automobiliste le doubla en lui coupant la voie au feu suivant ?
Dans la voiture, Gaubert demanda à sa mère de se calmer. Il mit plus fort le son de la radio :
« L’information du jour, c’est la bicyclette de Monsieur Cel qui a été retrouvée. Monsieur Cel est cet élu disparu depuis un mois. Le maire d’Orléans, Odiléon Rivoirais, régent d’Orléans Communauté Urbaine l’a confirmé, le cycle retrouvé est bien celui de Monsieur Cel.
Nous rappelons ici qu’il était le responsable de la politique de cyclabilité de la ville et de la communauté. Ses proches avaient donné l’alerte après qu’ils ne le virent pas revenir d’une tournée d’inspection dans la ville de St-Jean de Braye. C’est d’ailleurs dans un quartier abraysien qu’a été retrouvé le vélo.
Nous vous en dirons davantage dans le journal de six heures trente dans le direct avec la correspondance sur place ».
~1180 mots. Attention la périodicité de publication n’est pas encore définie, le texte premier est publié en occitan ici (>òc-lm). La correction des nombreuses fautes se fait dans un second temps.
La suite ! La suite !
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