Théorème de J.B. Corot : « la ville de Copenhague est équipée de 350 km de pistes cyclables surélevées, séparées de la route et très sûres » dont plus de 550 km font les trottoirs d’Orléans et son agglomération.
« Traduisons-les » est un croisillon sur les réseaux « sociaux ». C’est un biais pour traduire la pensée parfois complexe des personnes « importantes », ou parfois le patois administratif.
Par exemple, ce lundi 11 juin, une journaliste américaine parlait ainsi du rendez-vous entre Kim et Trump :
« Indépendamment de ce qui se passera lors de cette rencontre entre les deux dictateurs, ce que nous voyons en ce moment, c’est l’Histoire »
Bon, oké, là c’est Freud qu’il faut aller chercher.
Revenons au local ! Nos potentats locaux n’ont pas cette importance, loin de là, mais il faut parfois faire l’effort de comprendre entre les lignes. Ce billet va modestement essayer de le faire à partir d’un entretien donné dans le poste. Vont suivre 2 reportages « in situ » pour pallier les manques des journalistes locaux.
Orléans Métropole présente ce jeudi soir son nouveau plan de déplacement urbain (PDU) lors d’une réunion publique au Musée des Beaux-arts d’Orléans. Objectif : passer sous la barre des 50% de déplacements en voiture d’ici dix ans. En favorisant le vélo, la marche-à-pied, et les transports en commun
— Pas grand-chose au milieu de l’auto-satisfaction !
— Critique aisée
— Je cite « la situation est bonne dans certains endroits. Quand on refait la chaussée, on peut faire une piste cyclable à côté. Tout le long de la ligne B, il y a une piste cyclable. Ça améliore les choses ». Votre champion, là, il doit pas souvent être à vélo, où alors, les 11 km de la ligne B sont doublés d’une piste dont une grande partie n’est visible que la nuit du 31 avril. Mais, lors de la réunion P.D.U. le jeudi soir même de l’entretien, il ne causait plus que des kilomètres présents dans sa ville, et de ceux taillés à l’équerre dans son éco-quartier. D’ailleurs, la journaliste lui fait la remarque « Au milieu de la voie de la ligne B », et elle insiste « les trottoirs partagés, les pistes qui s’arrêtent au niveau d’un carrefour, c’est fini ça ? ».
— Elle l’interrompt toujours, cette effrontée, du coup, on peut pas savoir ce que pense ce brave type. Il le dit, là « il faut partager l’espace public… », il l’a dit, vous avez entendu.
— C’est à traduire par « isoler les cyclistes de la chaussée, car nous savons mieux que eux ce qui est bon pour notre électorat ».
— Mais non, il parle de construire 2 passerelles piéton-vélos ?
— 2 passerelles piéton-vélos, usagers mélangés, encore une fois. Au demeurant vague sur l’endroit d’où les cyclistes prendront l’engin, et celui où ils vont atterrir, après je ne sais combien de créneaux, combien de ressauts. Deux passerelles dont une, visiblement utilisable pour le seul loisir, loin des déplacements quotidiens.
— Parce-que le vélo est pour vous un moyen de déplac…
— …Cement. Oui, le vélo est un outil de déplacement quotidien, c’est pourquoi faire-faire le trottoir aux cyclistes est digne d’une mentalité de maquereau de l’automobile.
— Tout de suite les grands mots !
— L’expression d’un sentiment, rien de plus. Une chose autrement plus clair que, je cite « si on veut développer le vélo, il faut des marqueurs et des signes ». Je ne pense pas monter sur mon petit pignon en le traduisant par « de la peinture et des panneaux, encore et toujours, sur les trottoirs, les cyclistes subiront ». À noter l’élément de langage « des marqueurs et des signes » droit sorti du club des villes à vélo (>fr).
— Il y a peut-être suivi une formation ?
— En langue de bois, oui, peut-être. Même s’il faut reconnaître que c’est un maire – chargé des transports (>fr) – qui joint les actes à la parole.
— Finalement, vous lui reconnaissez des qualités.
— Il a dit, je cite « l’idée n’est pas de faire le plus simple, mais d’être le plus efficace ». Et, voyez-vous, ce jeudi 7 juin au soir, il a mis en pratique son adage. Il s’est trompé de lieux de rendez-vous. Cela arrive, même aux tenants d’une « smart city ¹». Passons. De la bibliothèque au musée, il y a 1 km, soit, 15 min à pied pour un marcheur moyen. Il y a une solution de simplicité, 5 min seulement avec les vélos de la ville, que l’on passe par la rue de la Bretonnerie ou que l’on se risque sur les boulevards. Dernière solution, celle de l’efficacité selon notre élu géranium, l’automobile, c’est-à-dire plus de 10 min. CQFD, avec bien plus qu’un quart d’heure de retard, notre homme n’est pas un menteur, il aime la voiture électrique et la marche en forêt les dimanche.
Sa misérable vie est si courte.
Les élus d’Orléans Métropole envisagent la création de deux passerelles pour les piétons et les vélos, pour résoudre en partie le problème du Pont Royal, où les pistes cyclables sont trop étroites. L’une à l’ouest du pont Georges V, l’autre à l’est du Pont Thinat. Des études vont être lancées.
Un exemple concret de la politique anti-vélo d’Orléans est dans cet aménagement récent (fin 2017). Pour ma part je ne l’emprunte pas et suis plus en sécurité sur la chaussée, mais certains sont de véritables casse-cous.
Et il se trouve que dans la rue des Murlins adjacente, une piste bidirectionnelle sur le même trottoir existe depuis quelques années. C’était l’occasion de penser réseau sécurisé et continu. Hélas…
° PDU – Plan Déplacements Urbains. Le précédent plan (2008-2017) prévoyait de faire progresser la part modale du vélo de 3,3% à 6,6%, elle est d’environ 5,5%. Soit 3 points de plus. Avec un objectif de 8%, soit 3 points de plus, nous ne pouvons que constater l’absence d’ambition du nouveau plan.
« Pour mesurer l’importance de la pratique de la bicyclette dans un territoire, l’indicateur le plus simple et le plus utilisé est la “part modale”, c’est-à-dire la part des déplacements réalisés à vélo sur l’ensemble des déplacements, y compris à pied. Un déplacement, quant à lui, est un trajet effectué par une personne avec un ou plusieurs modes, pour un motif précis (travail, études, achats…), entre un lieu d’origine et un lieu de destination différents. Un déplacement utilisant plusieurs modes est comptabilisé selon le mode le plus lourd : par exemple, un déplacement à vélo puis en train est compté dans les déplacements en train ».
Le retour de la bicyclette – Une histoire des déplacements urbains en Europe, de 1817 à 2050 — Frédéric HÉRAN. Un livre publié par La Découverte
¹ ville avec de l’intelligence dedans.
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