St Junien la Rouge éteint le feu

Les congés sont l’occasion de regarder ce qui est fait ailleurs. En clin d’œil à la seule ville de gauche de la mégalopopole d’Orléans, malgré ses manques impardonnables en matière de politique cyclable, direction Saint Junien, l’une des premières villes devenues communistes au début du XXe siècle… mais début XXIe, elle éteint les feux tricolores et ose le 20.

Sur le communisme à St Junien, veuillez lire un article (>fr-Le Populaire). Je vous laisse aller chercher dans les livres les analyses de la triple opposition entre anarchistes (la « noblesse » ouvrière du gant), communistes (les ouvriers « manutentionnaires » du papier et du carton) et le conservatisme (journaliers des petites fermes, nombreuses en la région).

Je vous donne cependant le lien de la page ouistitipedia (>fr) de la ville :

Saint-Junien est une commune du Centre-Ouest de la France située dans le département de la Haute-Vienne, en région Nouvelle-Aquitaine. Chef-lieu de canton, elle est bordée par la Vienne quand celle-ci, au pied des monts de Blond, sort de son parcours tortueux et du Massif central.

Icitte c’est un jouèb vélo, parlons en.

La zone 20 — points bleus

L’artère commerçante principale, rue Lucien Dumas, de la ville n’est toujours pas entièrement piétonne, mais au fil des ans, elle est devenue à trafic fortement limité et stationnement contrôlé.

En amont de cette rue, il y a le champ de foire, stationnement gratuit et illimité (sauf les jours de foire). En aval, il y a la mairie — le maire ne circule pas sur un vélo — et un centre administratif (avec quelques places de stationnement gratuites, peu de rotation), l’église… Le reste du centre-ville est en zone bleue et avec des arrêts limités. Les places handicapées sont gratuites.

La vox populi, le petit doigt en l’air, râle de la zone bleue (= on peut plus rien faire, on peut plus se garer, sans oublier un semblant d’ambiance « sud-ouest » et les voix graves du passé rugbyman de la cité « le maire, il va m’entendre ! »). Globalement, les personnes trouvent que c’est « joli », mais cela a été fait pour les touristes ; elles, elles préfèrent aller dans l’un des deux hypermarchés (ou dans les supermarchés « pas chers », voir l’épicerie « bio ») tous situés dans la zone qui a sauté de terre ces 20 dernières années à l’entrée de la ville. Proches de la déviation, les hangars de la consommation en tube sont imaginés comme pratiques pour remplir le coffre de sa caisse ; présentement, la zone abrite un marchand de cruches et le funérarium, « on finira bien en boite ».

Les livraisons des commerces du centre-ville se font majoritairement le matin et cela semble fonctionner. Les boutiques sont assez diversifiées, le chaland ne répond pas toujours présent, malheureusement. Le phénomène des vitrines vides touche aussi la ville.

Concernant le vélo dans cette zone à proprement parler, rien. Mais nous sommes en zone 20, les vélos sont libres, enfin presque :

Question confort, il n’y a pas de marches et très peu de pavés. Voici un nouveau pêle-mêle commenté :

 

Le reste du centre-ville connaît une vitesse limitée à cause de rues étroites, tordues et souvent en sens unique. De plus, si la municipalité venait à crier sur les toits « la ville passe au 20 », le même gros beauf du sud-ouest promet au maire d’autres plaisirs que sa grosse voix.

Question stationnement vélo ? — points jaunes

J’ai peiné pour trouver des arceaux à vélo. Même les locaux ne connaissaient en rien leur localisation.

Il y a des râteaux casse-roues, bien cachés, utilisés un peu, même par les scooters. Il y en a peut-être en d’autres endroits — collégiale, syndicat d’initiative, ciné-bourse, bibliothèque — du centre-ville, mais la chose sait se faire discrète.

Un parc de stationnement caché n’incite pas à stationner sa monture pour visiter ou boire un verre. Dans les critères pour qu’une ville se prétendre « cyclamicale », il faut inscrire en gros et en gras d’installer — correctement, avec un gabarit — des anneaux, pas ces merdes décoratives.

Arrêts minutes — point rouge

Il y a devant certains commerces des arrêts minutes, contrôlés par panneaux lumineux. Le système semble permettre d’éviter les voitures-ventouses. Cependant, la gendarmerie et l’agent de sécurité voirie (?) ne semblent pas être très nerveux en matière de contrôle du stationnement.

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Rue Jean Jacques Rousseau (entrée de la Z20 depuis l’ancienne route nationale)

Le long de l’ancienne nationale — points rouges

Devant le bar, il y a une situation bordélique à caractère historique. Celle-ci a perduré même après l’aménagement nouveau. Au final, la mairie a encore cédé et les client⋅e⋅s du bar continuent d’occuper l’espace « pour les clopes ».

Historiquement, la route nationales avait les même 2 voies, très larges pour les camions nombreux, avec à certains endroits, un aménagement pour tourner. Devant « le bar », il y a eu jusqu’à 3 files de stationnement (j’ai bien écrit 3 files & stationnement). Tout aussi historiquement, il y avait un commissariat de police, mais St Junien est dans une région où l’appartenance à un parti, un syndicat, une obédience frères-la-truelle, un groupe sportif, vaut passe-droit.

Le nouvel aménagement dans sa première partie (non illustré) gâche de l’espace qui pourrait être utile à de véritables trottoirs, voir à une piste dans le sens montant tout du long. Dans la seconde partie, l’étron en ciment sépare les voies de circulation, mais gêne lors de la rencontre avec un obstacle (manœuvre difficile de certaines personnes pour le stationnement…). Encore une fois, le fait d’avoir rendu accessible aux personnes à mobilité réduite les commerces est louable, même s’il reste parfois la dernière marche. Dans la troisième partie (le long du champ de foire), c’est l’habitude des locaux qui rend la réalisation peu pratique.

« Piste cyclable » — points verts

Soyons clairs de suite — cri du cœur — « c’est de la merde », mais les autochtones sont persuadés que « c’est bien ça, pour les cyclistes ». Lors d’un précédent billet, j’ai déjà évoqué la « piste » de la rue Jean Jaurès (>fr), ce machin ci est autour d’une place.

Le rond-point a été implanté au milieu de l’ancienne RN141, l’entrée dans le centre-ville d’un côté, l’accès à l’hôpital de l’autre. Le carrefour dessert 3 banques, 2 bars (dont celui du paragraphe précédent), 1 pharmacie. Il y a de quoi stationner sans problème, avec de la volonté.

La pseudo piste arrive d’une petite rue — là où il y a le GCUM — pour finir en queue de poisson sur l’ancienne route nationale.

St Junien — ville sans feux

A Calais, une expérience fortuite a montré qu’en supprimant les feux au niveau d’un carrefour, le carrefour était pacifié, fluide et sécurisé. Alors pourquoi n’expérimente-t-on pas plus, à Calais comme ailleurs ?

Au-delà de son centre-ville, St Junien est une ville qui a supprimé les feux tricolores, même dans la zone, au niveau du stade. Après y avoir circulé à vélo et surtout en automobile, je dis à nouveau tout le bien de la chose. La circulation est fluide, ralentie.

Dans la cité pélissière, de mon expérience pédestre, je constate que les autos s’arrêtent à peine le pied posé sur le passage piétons (en général). De mon expérience auto, après avoir suivi docilement le rythme d’une cycliste électrifiée d’un rond-point à l’autre, il ne sera pas dit qu’un idéal a été trouvé, mais le sentiment de sérénité était certain. De mon peu d’expérience vélo, en descente, j’occupais ostensiblement mon quart de voirie, personne pour faire vroum-vroum.

En approchant de la zone, la vitesse a tendance à augmenter dans la ligne droite, le stationnement bordélique et les énervements également… C’est une autre histoire.

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La place de la bascule (ou place Lasvergnas). L’outil que l’on aperçoit au milieu du rond-point est une bascule avec laquelle les vaches étaient pesées avant un funeste destin. Comme il y a de moins en moins de vaches dans les près, certaines sont peintes en différents lieux de la cité gantière.

2 commentaires

  1. « Lénine », « Karl Marx », l’odonymie locale me plaît ! 🙂
    Ils ont créé leurs propres pictos pour la « piste » uni-bi-directionnelle (à la fin, on ne sait plus 😀 ) ? Ils me semblent inédits.

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    • J’ai déjà vu ce picto sur la toile, probablement dans une région de l’est de la France, forcément l’est 😀

      Sur le nom des rues, il y a une avenue Youri Gagarine ou Rosa Luxembourg, le seul anarchiste, Elisée Reclus nomme la rue du cimetière. Par ailleurs, très longtemps, la rue De Gaulle (crée en 1986) menait à une impasse.
      Estienne d’Orve doit être un des rares particulés de la cité, mais c’est le résistant qui est honoré.

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