Théorème de J.B. Corot : « la ville de Copenhague est équipée de 350 km de pistes cyclables surélevées, séparées de la route et très sûres » dont plus de 550 km font les trottoirs d’Orléans et son agglomération.
Dans une des deux laveries de la rue de Bourgogne, il y a une niche dans laquelle sont régulièrement déposés des livres — il y a également des commerces bien moins licencieux — sur le modèle des boites à livre. J’y ai trouvé un recueil tout abîmé de « fables loirainnes de la fin du XIXeme siècle ».
Ces fables sont-elles bien tournées, c’est une affaire de goût. Pour ceux de votre serviteur, la simple lecture du mot « vélocipède » dans un texte le met en émoi. En voici une retranscrite ici sans vergogne.
Grâce aux filles de mémoire
Depuis longtemps j’ai chance de voir
Dans tous mes vers
Toutes les bêtes de l’univers.
Peut-être moins de gloire et plus d’avantages
J’eusse eu de vivre moins avancé en âge
De voir si nombreux loups comme de grands seigneurs
Parlant aux chiens comme gueux au labeur
Mes bêtes sont à qui mieux
Les uns fous, les autres vieux,
Dans une comédie, toutes sortes de personnage,
À conter entre la poire et le fromage.
« Tout homme ment » a dit le sage.
S’il avait dit seulement
Tout homme de bas étage
Nous pourrions nous ranger à son sentiment
Mais soutenir que sur Terre
Tous mentent, puissants et petits
— Ah ! Si quelques autres l’eussent dit,
Qu’Ésope ou le bon Homère,
Je crois qu’ils eussent menti.
Pour ces deux-là, le paradis
Loin d’eux de cacher la vérité pour dominer
Mentir servait à dévoiler.
Les contes de chacun, toujours ces jours vantés
Dureront encore plusieurs veillées.
Il n’en va pas de même
Pour ce menteur qui lui-même
Donna un jour sans s’en douter
Cent verges pour le fouetter.
Celui-ci n’était qu’une bête bâtée.
Son aventure je vais vous conter
Sans de trop la déformer
En voici les faits.
Un vélocipédiste rendu en la cité de Jehanne
Un certain seigneur dans son voisinage, alla prier
De lui garder de l’espace pour circuler
Au-delà des pavés, entre piétons, chevaux et ânes.
L’autre, en cul de poule, la bouche
Le rassura d’un trait
« Maudit sois-je si ma langue fourche
C’est dans le plan, c’est marqué.
Point de foin, point de procès
Plus jamais de peinture, c’est juré
Noir sur blanc, c’est acté
Le vélo changera de braquet,
Une fois cette somme votée
J’en serai le garant devant mes administrés.»
Passés quelques jours, quelques mois
Le vélocipédiste fut rempli d’émoi
De peinture moult traces il aperçut
Un ressaut le laissa même, en un mot, sur le cul.
Sans voix, dans une grande crise de désarroi
Il s’en ouvrit à celui qui agissait en roi.
« Mais votre plan, votre comité
Dit-il, avec un air courroucé
Plus de trottoirs, d’un panneau ne devaient être partagés
Plus de ressauts, avait-il, dans votre plan, été signé !
— Mon plan ? dit l’autre consterné
Mais un méchant rat l’aura mangé.
Rire, tout ceci, point ne me fit
Du vacarme, du bruit,
Pour le chasser, tout le conseil j’ai assemblé
En vain, plus de trace ne fut trouvé ni du plan, ni du comité.
— Mais les rats ne mangent pas autant
D’accord pour le peu d’instructions d’un si petit plan
Mais, si de certains du comité à manger
Vous pouviez les rats nourrir,
De vos proches donner à bouffer,
Très vite vous les eussiez fait mourir.
— Vous-même savez bien qu’un virus malin
Les a fait muter ces galopins. »
Le vélocipédiste fit semblant de le croire
Et se dit tout bas « faudra voir
Si je ne pourrai également pouvoir
À ce coquin, jouer un tour, un soir. »
Il se trouva en effet, que ce seigneur chérissait
Un bouc, tenu en laisse, dressé
Qui comme un âne dans un autre conte à dormir dehors
Semblait des fesses chier des paroles cousues d’or.
Un soir, le vélocipédiste, la vit détachée
La bestiole, libre, gambadait.
Et sans nuire à sa santé
La bête fût raflée.
Comme si de rien n’était, le vélocipédiste invita
D’un gazouillis, le seigneur à un repas.
Le pauvre homme était fatigué
D’une urgence à devoir travailler
Car la peste, la cité de Jehanne, avait attaqué,
Les chevaux, les ânes, ne devaient point croiser
Lui, ne connaissait rien aux chemins utilitaires
Et le livre de Sun Zi « l’art de la guerre »
À une armoire de guingois
Servait de jambe de bois.
« De mon bouc que j’ai perdu
Mon appétit en a disparu
Quelqu’un dans le voisinage proche
Me l’aura volé pour me faire quelques reproches ?
— N’accusez, sans savoir, personne de votre infortune,
Je vous plains, soyez en bien certain,
Mais, cette peste est le fruit du destin
L’occasion pour vous de rattraper les voies de la fortune.
Pour votre bouc, interrogez quelques voyantes, voyez les cieux
J’ai vu hier, quelques Séléniens, envoyés des dieux
Le porter en sacrifice, en offrandes ou en dons
À un sabbat nocturne ou quelques élections.
— Mais ici-bas n’existent point ni les dames pitonesses,
Ni les gens de la lune ou encore les ogresses.
— Ici-bas dissiez-vous, par un virus les rats
Mutèrent gros comme d’un bœuf l’estomac
Gustave fut mangé.
Hippolyte dévoré
Et Théodule boulotté.
Vous même l’avez conté.
Notre homme pour le coup, comprit le langage enfin
Regretta ses promesses passées en vain.
De l’histoire, gagna lequel des deux protagonistes ?
À droite le seigneur, à gauche le vélocipédiste
Jugez bien
Votez fin.
Une magnifique fable signée Jean du dérive chaine
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Le livre est très dégradé, c’est le problème des vieilleries dans les laveries, et l’auteur est inconnu.
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Je t’invite à lire cet article…. Ta référence à Sun Tsu m’a titillé.
https://www.cairn.info/revue-inflexions-2012-3-page-29.htm#no4
Ca me rappelle mes cours de l’an passé.
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Plan virat !
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Pòde pas d’enquera dire duquau daus fabulistes lemosins faguí lo copista, mas tot dins lu texte es pas de me.
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Me dobti, e e lo pastiche be’m platz !
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