Théorème de J.B. Corot : « la ville de Copenhague est équipée de 350 km de pistes cyclables surélevées, séparées de la route et très sûres » dont plus de 550 km font les trottoirs d’Orléans et son agglomération.
Cher cyber-cahier, je t’écris une petite carte postale pour dire que je suis bien arrivé 🙂
Plus sérieusement, pour passer du domaine de la langue d’oïl à celui de la langue d’òc, j’ai déjà pris la route d’Esgolesme / Angoulême (>fr becancaneries), je suis déjà passé par le nooooord au départ de Lussac (>fr becancaneries) et j’ai longé la Vienne au départ de Lemòtges / Limoges (>fr becancaneries). Cette année je désirais partir de la Sostrana / la Souterraine, puis j’ai coupé mon chemin pour partir d’Embasac / Ambasac, avant de réduire encore la route pour cause d’annonce de grosses chaleurs.
- ce billet est une adaptation d’un original disponible en ce lien (>òc-lm)
- ‘queu bilhet pòt se legir aquí dins la linga dau païs (>òc-lm)
Finalement ce sera Belac / Bellac jusqu’à Sent Junian / Saint Junien par les petites routes des monts de Blom / monts de Blond avec un penchant à bien trop de rêveries romantiques de se promener le long des pierres levées et autres chaos granitiques.
Je ne désire pas une fois de plus râler contre l’ancienne compagnie des chemins de fer, mais, mais, mais, pour le plaisir de mamaiser, il semble que prendre un train, dans sa plus simple expression, devienne de plus en plus malaisé.
Il ne faut plus dire TER région Centre mais train-Rémi©, une trouvaille de marqueteux, rien de plus, mais une trouvaille pour laquelle faut donner le jour du départ, obligatoire, votre âge — pour ma pomme, c’est mon cul qui est posé sur le siège, pas mon calendrier de bal — et il ne faut pas dire que vous voyagez avec un vélo, autrement la machine à sou ne vous trouvera pas de trains disponibles, même avec le seul réseau TER local… devenu Rémi©, probablement l’acronyme de « regional’ efficiency modern inteligence ». Comme de bien entendu, le type qui ne va pas bien derrière le guichet, pardon, l’agent commercial de la SNCF, un métier qui ressemble à conseiller en nutrition dans une usine de bouffe, le type est là pour vous vendre du tégévé, du temps gagné, de la rapidité… ou vous dire de vous débrouiller avec l’internet et/ou les bornes. Ce que j’ai fait (avant de penser très fort au jour où il ira se ficeler sur les rails ; il me faut apprendre à conduire une locomotive pour ce jour là).
Enfin, le train était à l’heure, il y avait assez de place pour les 2, moins pour les 5, assez pour les 3 bicyclettes qui montèrent au fil de la « Loire à vélo » — si on avait dit, il y a 150000 ans que ce fleuve un jour serait… pour un fou… père fondateur —. Personne ne semble s’être trouvé en position de respirer l’air ou de tripoter les affaires des autres et ainsi faisant, de propager la Covid. Petit moment panique pour les contrôleurs à St-Pierre des Corps où une vingtaine de cyclistes se présentent… pour Lyon. Ouf, le TER peut achever son trajet jusqu’à Tours.
Dans le même train, qui par la magie des annonces passa de « Rémi© » à « réseau Aquitaine Nouvelle ». Je suis certain de la chose pour être descendu voie n°3, être allé au bout du quai voir la voie de correspondance… numérotée 3, ce, en moins de 5 minutes.
Contrairement à ce qui est claironné ici ou là, personne n’est passée désinfecter le train. Je me suis assis au même endroit et trois bouts de papier gisaient toujours dans la poubelle. Beaucoup d’effets d’annonces des pouvoirs publics, beaucoup d’apparencitude… rien dans les actes.
Un peu partout, les louanges du « tourisme vert » sont chantées, mais un dimanche d’été, de congés, le TER avait, dans notre voiture, uniquement 3 places de disponibles pour 7 puis 9 vélos. Ajouté à ce désagrément que les personnes assises dans le compartiment n’étaient pas les premières concernées par les vélos entassés ; avec de l’éducation, sur les conseils avisés de la cheffe de bord (la même que l’an dernier sur cette ligne 😀 ) elles auraient pu laisser les places aux possesseurs de bicyclettes et aller au frais dans le compartiment « haut » ; cela aurait moins gêné à certains arrêts sur la ligne.
À l’image du voyage de l’an passé, un TER encore plus petit, mais pas moins agréable nous attendait. Le problème est que à la gare de Poitiers, tout est fait pour ne pas mélanger les tégévés et les tortillards ; il faut donc porter le vélo ensacoché jusqu’aux voies 41 & 42… sans rampes, pas même la petite goulotte métallique pour faire glisser un vélo.
Je me suis retrouvé avec le même groupe de cyclistes que l’autre train : 4 jeunes qui désiraient faire Lussac → Chasèlas / Chazelles par l’eurovélo 3. J’ai fait le (futur ?) vieux con et je leur ai dit que entre Lussac & Cofolenç / Confolens, la route est peu et mal signalée (mais il y a peut-être eu des améliorations) et que après Cofolenç / Confolens la route s’améliore mais pâtit d’être financée par le département — qui désire faire aller les cyclistes vers les « lacs de Haute Charente » (une opération politico-financière et touristico-foncière des plus hasardeuses) et espérer une forme de rentabilisation des lieux par la manne touristique — et d’être bâtie par l’association des véloroutes et voies vertes — qui sont des sachants du système cyclo-touristique et désirent atténuer le relief sous la pédale et faire circuler vers Chassanuòu / Chasseneuil et/ou La Rochafocaud / La Rochefoucauld —. Enfin, j’étais pas là pour leur pourrir la vie et après 3 échanges, j’ai terminé ma lecture en cour, « Chaman » de Maxence Fermine ; un petit livre à l’écriture légère et fraîche, aussi agréable à lire que la caresse d’un courant d’air un jour de chaud.
Pour ceux et celles qui désirent comprendre comment font les pays développés pour construire des routes de qualité et agréables à la roue des cyclistes, il y a le site de Jeanne à Vélo (>fr-J-à-V), à parcourir, plus que tout pour les traductions d’un spécialiste de la chose et du nooooord de l’Europe — mais les billets locaux et touristiques sont de valeur également —.
J’avais sous les fesses ma bécane chargée de 2 sacoches, une carte papier sur la troisième sacoche, la trace dans le GPS… et la déjà grosse chaleur d’un dimanche après-midi sur les épaules.
Du voyage, en voici en partie la carte, sur laquelle les points rouges représentent les endroits photographiés du présent billet :
Un tout petit tour dans la ville de Bellac (>fr-wikipedia) que je ne connais pas et dans laquelle il me faudra revenir un jour et en voiture. Première petite déconvenue de la trace sous la forme d’un escalier de pierre à gravir sur 3 niveaux de maison (rien d’insurmontable avec une poignée de portage) 🙂
La gare le temps d’un selle-fie, le pont au loin, la mairie, un calvaire et l’église Saint Sauveur.
Note : il y a des photos prise avec le téléphone, d’autres avec un appareil… qui ne fait pas de moi un photographe.
Les deux premières pierres levées du trajet étaient à la Borderia et 200 m plus loin à l’aluòd, une table de pierre, toute petite, cachée au milieu d’un pré.
Blom, son église forte, la fontaine St Martin et son lien vers la Wikipédia (>fr-wikipedia). C’est à partir de cette ville que le plateau n°3 — le tout petit, là, souvent oublié — de la randonneuse va montrer toute son utilité.
Le chaos granitique de PuegChaud est au sommet d’une colline — même pas 500 m, la honte — voisine du sommet de la Charente (>fr becancaneries). Au loin se trouve la France, passé le chemin « gallo-romain », c’est le Limousin. Il y a même une plaque qui rend hommage à Frédéric Mistral :
« A la glòria dau Frederic Mistral que faguet reviure e resplendire la linga daus trobadors e tornet balhar au pòple occitan son onor. »
« En l’honneur de Frédéric Mistral qui fit revivre et resplendir la langue des troubadours, et redonna sa fierté au peuple occitan. »
Fatigué de la montée et du soleil, j’ai oublié de me rendre 300m derrière pour photographier le dolmen, tant pis pour le reportage, tant mieux pour mes mollets.
Vous pouvez voir que je n’ai pas une peur que quelqu’un renverse la pierre branlante — encore un chaos de granit — sur le vélo. Jan d’Auvernha ; avec ses 11000 km à l’odomètre maintenant, n’est plus randonneuse à craindre le premier caillou venu des contreforts du Massif Central.
Mon grand-père, originaire du coin, racontait que la nuit de Noël, à minuit, la pierre s’ouvre et offre un trésor à un cœur courageux et pur…
De mon point de vue, dans la partie de billard cosmique, quand la Terre s’est formée au fil des millénaires, sphérique, très vite dans le manteau, de grosses pierres ont poussé au-delà de la croûte. Plus particulièrement les monts de Blond (>fr-wikipedia) — un endroit de légendes où sautent encore quelques pierres les jours d’orage — un pays de collines considéré comme un des premiers foyers de peuplement du Limousin. Dans les sous-bois, dans ce qui n’était encore que des prairies, sous les pieds des vaches rouges sauvages, certaines pierres bornèrent les eaux de quelques rivières. C’était bien assez pour laisser pousser les chênes, les châtaigniers et les ormes… ces derniers arbres, même s’ils ne sont plus guère nombreux — ils meurent en même temps qu’un peuple et sa culture sous la double peine d’un occupant monolingue et d’un mode de vie moderne à outrance — donnèrent le nom aux premières assemblées de village…
Une visite à la pierre à sacrifice pour offrir ma mascotte — Didí — en offrande aux déités du voyage et du vélo, ce, après qu’elle est tombée en même temps que la carte papier et ma serviette pour m’essuyer, occasionnant un aller-retour de plus 5km de montées et de descentes pour aller la ramasser, la cause d’une crainte de ne pas avoir assez d’eau à boire, le 4ème litre étant entamé (je ne suis pas un chameau).
La seule pierre levée du trajet, mais la plus grande de la Haute-Vienne.
Et pour finir la coulée de pierres, la table de la betola.
Pour aller plus loin sur le Limousin un site de référence (>òc-fr), bilingue.
Et pour entendre un peu la langue, il y a dans ce lien des enregistrements du défunt Joan Pau Verdier (>òc-fr), bilingue.
Le site de l’office du tourisme en Limousin Haut (>fr), réglé sur cette affaire de pierre à sacrifices, pour pas vous laisser croire des choses.
Après m’être perdu d’avoir trop fait confiance à une mémoire visiblement défaillante, après avoir quitté la trace du GPS, après avoir regardé une carte qui ne donnait désespérément pas le raccourci espéré, qui est-ce qui se colle presque 10 kilomètres de plus pour se retrouver… dans une casse automobile ?
Du coup, j’ai pris la départementale, roulante mais pas trop en ce dimanche d’été, je me suis trompé de nouveau en voulant passer chez ma sœur. Une fois la voie communale trouvée, petite frayeur dans un virage serré quand je tombe droit dans le fossé pour avoir voulu éviter — par peur de ma part — une voiture qui roulait un poil vite et au milieu de la route. Je connais ces routes, j’avais un gilet fluo, un casque, de bons freins, je tenais ma droite et ma randonneuse roulait depuis le début avec les feux allumés, mais, rouler sur un accotement de terre mole n’est jamais recommandé.
Quoi qu’il en soit, rien de grave sauf à comprendre qu’il est temps que le trajet touche à sa fin et d’accepter d’être porté, avec la bicyclette et les sacoches, sur les derniers kilomètres et à bon port. Ce sera la cas après avoir avalé 2 litres d’eau.
Les élévations tirées du fichier *.gpx :
Et pour faire croire que je suis malgré tout dans la modernité du monde présent, j’ai laissé une appliquette fouiller la galerie photo du porte-onde pour pouvoir me la péter :p
Il y a globalement les même endroits de photographiés, les différences sont que le vélo ne faisait pas les 200/500m avant/après les grosses pierres donc le GPS ne pouvait pas déterminer l’endroit de certaines prises de vues, par contre, il a ajouté une vue des rails, un arrêt devant une stèle érigée à la mémoire d’un résistant, le passage à la Chapelle du Rat…
Jolie cette église forte de Blom / Blond !
Le « je ne suis pas un chameau » restera dans les annales. 🙂
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J’ai manqué mourir de soif.
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Pingback: Lu long d’una colada de peiras | Rapieta
Joli parcours, merci pour le partage ! (J’ai honte d’avoir tout de même appuyé sur le bouton de l’application de la pomme et de gogole).
Est-ce qu’il y a des SDF qui squattent ces petites constructions de pierres qui ressemblent à des cabanes ? Ce serait également pas mal pour le bivouac à l’abri de la pluie et du vent.
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Non, les tables de pierre, des dolmens rien de plus, ne sont pas « occupés » pour la nuit. C’est relativement dangereux, mais, à la pierre à sacrifice (je n’ai pas égorgée mon mouton, soit sans craintes), il y avait des traces de feu récentes, ce qui peut avoir des conséquences encore plus graves au regard de la sécheresse.
Un endroit du Limousin où des cabanes de pierres sont parfois occupées, c’est la Creuse, le département compte des constructions de pierres sèches.
https://www.lepopulaire.fr/saint-goussaud-23430/actualites/verification-faite-ce-n-etaient-pas-des-hobbits-qui-peuplaient-les-monts-de-saint-goussaud-en-creuse_13823126/
JPB
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