Orléans – Ingré, c’est « cyprès » !

« Bon gré, Ingré » la vélorution et son modeste cortège sont passés, l’occasion d’un bilan tout aussi modeste.

Au départ de l’Odyssée

La place du martyrium de la cité johannique servait de décoration au départ de cette nouvelle vélorution. Quelques salutations, présentation de la chose, premier reproche sur la com’ — personne ne vous a jamais interdit de donner une adresse courrielle — et une forme de point presse impromptu.

Forcément, cette Vélorution revêtait un caractère particulier une semaine après le décès d’un cycliste heurté par un automobiliste à Fleury. « C’est ce qui m’a incité à venir », reconnaît Jacqueline.

Dans l’article lié ci-dessus, vous trouverez une galerie exhaustive du cortège. Manquerait peut-être le tricycle ?

Moins de 7km vers Ingré

Cette précision kilométrique est importante à donner au regard d’un chapeau publié dans la semaine par le journal local :

depuis le commissariat d’Orléans, pour un périple en vélo jusqu’à Saint-Jean-de-Braye

Depuis quand, 7 à 8 km urbains sont un périple, dans une ville qui compte 2 fois plus de km d’équipements cyclabespérés(1) que Copenhague ? Sauf à vouloir dire que les aménagements sont dignes d’une sous-préfecture, mais ce n’est pas le cas de l’article, de même de donner à comprendre les problèmes des personnes sourdes lorsqu’elles circulent à vélo en milieu urbain… ou pas.

Si quitter le commissariat est un périple, aller à Ingré et en revenir vivant doit virer à l’Odyssée.

La carte

Voici la carte (aller en « plein » et retour en « pointillé ») telle que produite par le collectif vélorution-Orléans.

carte_ingré

Sont également notées les « difficultés » pour un groupe de cyclistes, car l’absence d’équipement e/o les équipements mauvais ne posent pas de problème « en eux-même » à un cycliste isolé, adulte et doté d’un grand courage, pour un groupe, il en va autrement. Qu’il soit bien entendu que des équipements de très bonne qualité seraient souhaitables mais personne ne semble savoir faire en France, ou pour le moins en région Centre…

L’aller

Peu de difficultés sauf l’inertie du cortège.

La traversée du boulevard faite, la protection de la prise d’un étroit contre-sens sera assurée en amont en demandant gentiment aux automobilistes de s’arrêter, ce qui a été fait.

Un premier problème avec le passage d’un train qui coupe le cortège, un second avec un passage souterrain d’une conception fort ancienne, qui bloque les vélos charettés et le tricycle. Entre les personnes passées, celles qui doivent emprunter un chemin dans une terra incognita, le cortège se coupe de nouveau… dans une zone, un samedi après-midi, c’est « sans qualificatif ».

Pour votre serviteur c’est l’occasion de se rendre compte que peu de personnes se sont déjà rendues à la salle des fêtes d’Ingré e/o dans la zone à vélo.

Pause fictionnelle :

Au delà des boulevards, beaucoup étaient apeurés. Au-delà de l’autoroute urbaine, j’en connais un qui a été traversé par l’idée de partir le plus vite possible et de laisser le cortège en plan en imaginant les haut-parleurs des hélicoptères crachouiller : « ne bougez plus, la nuit arrive en même temps que les secours avec des couvertures de survie et une collation. Il y a encore des chiens à Orléans mais plus aucun loup, respirez, soufflez ! ».

😀

Une avanie

Cela ne concerne que l’un des guides suprêmes de la vélorution (>fr-becancanerie) mais, à la recherche de quelques personnes perdues, il a traversé la zone sous la voie expresse, puis par dessus, puis en son milieu, ce à toute vitesse, ce qui a entrainé une malfonction sur un vélo nouvellement rénové de ses petites mains. Une chaine qui saute d’un mono-vitesse est l’occasion d’acquérir une nouvelle compréhension des forces en jeu et une nouvelle compétence mécanique. Ce sera également l’occasion d’une petite commande chez un vélociste.

Ce qui différencie le cycliste du singe ? Les mains ne touchent pas tout à fait le sol en réparant !

(crédit photo : Jeanne à vélo)

La mairie

C’est toujours bien d’aller rappeler aux élu⋅e⋅s que la place qu’ils et elles occupent, entre guillemets, ils nous la doivent.

Dans une autre culture, les habitant⋅e⋅s plantent des « arbres de mai ». Présentement, nous allons « les rappeler à leur devoir » qui n’est ni de se servir d’abord, ni de servir leur ami⋅e⋅s ensuite, enfin, en théorie car le marigot politique local est à espérer la mise sous tutelle de la préfecture pendant 10 ans le temps de purger l’affaire.

Partir d’Ingré

Sauf à avoir des portements à faire, personne ne va à Ingré pour le plaisir.

Il y a peu de commerces que vous ne trouverez pas ailleurs. La seule curiosité locale est la programmation des salles des fêtes avec troupe de théâtre, concerts, projections souvent suivies de débats… Le fait est que pour ces activités, souvent en soirée, pour des questions évidentes de sécurité, les trajets sont souvent effectués en automobile, à tort, mais en l’absence d’infrastructure de qualité, un peu à raison.

Quitter ce « centre » nouvellement refait en plus inamicale et l’absence de jalonnement a été un bon moyen pour certain⋅e⋅s d’échapper à la terri i I I I i ible côte qui a mis à mal certains mollets 🙂  .

L’inauguration à Dédé

La destination du voyage, en dehors de faire coucou à la dame pipi de la politique cyclable de la mégalopopole, était l’inauguration d’un énième mètre de peinture déposée sur le trottoir.

inauguration_ingre

Pour le département comme pour l’édile local : « c’est mieux que si c’était pire », pour un cycliste du quotidien, il est clair que « c’est de la merde »©.

La rue de la fossiante

Combien de fois entendons-nous que le collectif vélorution ne propose jamais rien ?

Depuis 5 ans de réunionites avec le soviet du noOord e/o l’hypermégapopole, depuis plus d’un an et depuis un an avec insistance pour cause de « pistes de transition » aka « coronapistes » qui devraient être facilement aménageables et réversibles (en cas d’erreurs e/o de bétonnage imprévu), d’aucuns proposent dans le quartier :

  • Du jalonnement au départ de la départementale en direction de Saran pour éviter aux cyclistes de prendre l’équipement dangereusement conçu par les sévices municipaux rue passe debout). Ce jalonnement à destination des cyclistes indiquerait au niveau de la rue du grand puits « Saran : 4,5 km », « entrée du Pôle45 : 4km » et « vers St Jean de la Ruelle par la campagne ».
    • Du jalonnement au départ de Saran pour indiquer le lycée d’Ingré : 5km, un trajet en quasi campagne, cela doit être supportable par des adolescent⋅e⋅s à vélo, même par les enfants des apparatchiks.
  • Le nettoyage (au moins l’enlèvement d’un antique ralentisseur) de la rue de la fossiante / rue de la grade, ainsi que son jalonnement pour indiquer le pôle45 e/o les villes de Saran/Ingré/St Jean de la Ruelle.
  • Revoir son aménagement côté St Jean de manière à en limiter l’attrait pour les habitant⋅e⋅s du lotissement (utilisé pour sortir et entrer par la voie expresse).
    • Opérer un changement de dénomination de cette rue en « rue de la vélorution ».

Quel plaisir d’entendre des cyclistes chevronnés de l’agglomération demander « où nous sommes actuellement ? » et les compliments sur ce brin de campagne.

Quelques images du cortège

Au moment des prise de vues suivantes, le cortège laisse Ingré comme une vieille rose fanée dans un verre sale oublié dans un grenier.

L’orage à venir

Les cieux et une partie du cortège grommellent, signe d’orage.

Ce n’est normalement plus le moment de parler de la chiasse du petit dernier, c’est le moment de… faire une pause culturelle :

« Trantalhar » est un verbe dans la livrée limousine de la langue occitane qui signifie « trébucher, vaciller ». Il y a un glissement de sens dans l’usage lors de son emploi à la forme négative qui lui donne le sens de « se dépêcher à petit pas », ce qui pourrait se comprendre par « quitter ce rythme de sénateur ».

Pour le dire autrement, quand la pluie menace, ON TRACE !

Du cyprès

L’avantage du cyprès en plantation en pot en milieu urbain, c’est que par grandes chaleurs, il offre une ombre généreuse sous laquelle se reposer, et, un jour d’orage, ses nombreuses branches étendues et son feuillage dense offrent un confort protecteur momentané.

cycpres

En conclusion

Pas de conclusion à cette petite vélorution.

Certain⋅e⋅s voulaient voir Raoul, ils ont rencontré Dédé et son équipement déjà dépassé, comme toujours.

La bière a été la bienvenue, les échanges entre cyclistes du quotidien et par delà également.

Animation


Note :

(1) — km d’équipements cyclabespérés : l’ensemble cumulé de traces peintes en dépit du bon sens, hors réseau… Par exemple, en local, la mère Ricard au pouvoir faisait peindre les trottoirs de traces aussi honnêtes qu’une carte des itinéraires vélo de l’agglo dans une couche adolescente, puis, dans le journal, la même faisait la morale aux cyclistes qui roulaient sur les trottoirs. La même encore, aujourd’hui, après avoir été éjectée des affaires de la commune, a été surprise à griller les feux de la rue royalement gagnée grâce à un opportun virus.


7 commentaires

    • Après la période électorale, je publierai les capture d’écran du film dans lequel elle pérorait sur les cyclistes qui « prendront la passerelle ».

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  1. Merci pour ce bilan intéressant ! Je n’étais pas des vôtres hier, mais j’ai trouvé l’article de la Rép (enfin surtout la dernière phrase) assez sévère j’avoue.

    En lisant ce billet et en particulie le récit de l’aller, je me confirme à moi-même que rouler en milieu urbain ne s’improvise pas.
    Se balader le dimanche à la fraîche dans l’hypercentre d’Orléans, ce n’est pas se déplacer quotidiennement pour aller bosser dans le Pôle 45 ou faire ses courses.
    Il faut je crois une dose de courage, de bravitude comme disait l’autre pour affronter un milieu quand même super hostile, mais aussi une bonne monture dont on prend soin, et puis accessoirement une bonne connaissance de ces infrastructures pas bien cyclables. Et prendre sa place sur la route, pas dans le caniveau. Et respecter le code de la route.

    Deux choses m’inquiètent dans la forte dynamique en faveur de ces mobilités actives/douces :
    – on met sur la route – et c’est une bonne chose en tant que tel – de nombreux néo-cyclistes et trotinettistes qui ne connaissent rien aux infrastructures, ou bien qui ont pratiqué le vélo de loisir il y a longtemps à la campagne. Le tout au même moment où l’on observe une escalade quotidienne des comportements extrêmes des automobilistes avec des sanctions proches de zéro.
    Pourtant, ils et elles ont aussi une arme entre les mains qui, comme une auto, peut mettre en danger, blesser voire tuer les piétons que nous sommes toutes et tous, parfois par méconnaissance des règles de partage du milieu urbain.
    Je sais que c’est un débat passionné et quasi tabou quand on est toutes et tous victimes au quotidien de la violence motorisée, mais il faut aussi se dire que beaucoup d’adeptes des mobilités dites douces déconnent gravement sur leur monture.
    Le Parisien a relaté deux accidents dont un mortel dans ses pages il y a moins de 48h : les victimes sont des piétons et les auteurs sont un cycliste et 2 trotinettistes.
    Près de chez nous, il suffit de se déplacer rue Bannier pour avoir à coup sûr un ou plusieurs vélos ou trottinettes dans les pattes sur le trottoir côté Crédit Mutuel par exemple. La cacophonie de la place de Gaulle en est un autre exemple. Le bazar de la rue Royale et ses feux grillés à pleine vitesse par beaucoup de gars/filles à trotinette finira mal, j’ai pu en faire l’effrayante expérience il y a pas longtemps.

    – on fait des lois et on prévoit des sanctions parfois spectaculaires qu’on n’applique jamais. Rien ne sert de menacer d’une forte amende si aucun cycliste, trotinettiste (ou automobiliste qui téléphone au volant) n’est jamais sanctionné.

    Lesdits nouveaux usages, sans infrastructures, sans pédagogie et sans coercition sont voués aux conflits entre usagers des espaces publics et tôt ou tard à des catastrophes.

    Longue vie à la Vélorution ! 🙂

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    • « – on met sur la route – et c’est une bonne chose en tant que tel – de nombreux néo-cyclistes et trotinettistes qui ne connaissent rien aux infrastructures, ou bien qui ont pratiqué le vélo de loisir il y a longtemps à la campagne. »

      Nous avons discuté de ce fait après la vélorution. Les néo-cyclistes manquent de culture vélo et sont très/trop vite satisfaits de ce qui les rassure le plus rapidement, sur un bout de trajet.
      Sans leur faire de procès d’intention, c’est sur une longueur que l’on juge un itinéraire. L’exemple de quitter le Martroy pour Ingré en était une bonne illustration.
      Dans les discutions, j’ai insisté pour que l’on fasse la promotion de la continuité cyclable du pont jusqu’à St Marceau, puis Olivet d’un côté, jusqu’à la gare de Fleury de l’autre.
      C’est très difficile à expliquer que ces distance ne devraient pas être des épreuves.

      JPB

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      • C’est tout à fait juste, cette question de la culture vélo. Je crois qu’on n’enfourche pas son vélo comme on monte dans sa voiture (comprendre : comme un cowboy 😉 ).
        C’est ce que j’ai pensé il y a 3 jours quand un cycliste masqué qui roulait à contre-sens sur une piste (unidirectionnelle) d’un axe doté de 2 pistes (unidirectionnelles) de chaque côté des voies m’a volontairement fait chuter pour me dire que je me trompais, qu’il roulait dans le bon sens puisqu’un panneau (en fait destiné aux piétons) indiquait « sortie de véhicules…
        Et oui, on ne juge pas les infrastructures cyclables à la lecture de ce qu’on voit dans l’hypercentre d’Orléans. 🙂

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    • J’ai entendu la propagande sur París-inter « pour le vélo », associée au Tour-de-France©, cela ne va pas aider à faire comprendre que la bicyclette n’est pas seulement une activité sportive ou de voyage, c’est un formidable moyen de déplacement… au quotidien, à condition d’avoir l’infrastructure.

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      • Un peu comme quand Charles-Eric dit dans la feuille de chou locale qu’il connaît le vélo car « lui-aussi » se balade à vélo en centre-ville en fait ! 🙂

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