Théorème de J.B. Corot : « la ville de Copenhague est équipée de 350 km de pistes cyclables surélevées, séparées de la route et très sûres » dont plus de 550 km font les trottoirs d’Orléans et son agglomération.
La semaine de la mobilité européenne débute dans 7 jours, l’occasion de regretter tout ce que ne fera pas la capitale du monde cycliste (selon les publicitaires), l’occasion de regarder ailleurs comment les pistes cyclables sont existantes et larges, comment les alcooliques n’insécurisent pas les déplacements « doux », l’occasion de faire le plein de souvenirs et de culture avant les terribles froids à venir.
Patrick Van Den Bossche & Dan De Rosilles
Présenté dans 200 n°33 « spécial voyage : vaincre ses peurs et partir, 60 pages d’idées et de conseils » mais dans lequel rien n’est dit sur comment affronter un loup, ou un ours, auquel viendrait l’idée saugrenue de vous bouffer les doigts de pied une nuit de campage dans la campagne auvergnate, par exemple.
Acheté à reculons avec la crainte que ce soit un truc de « ouineurheu sorti d’unheu agenceuh de pubheu de la starheuteupheu niaisionheu », ce qui, publi-gâchage, n’est absolument pas le cas.
Le guide vous prend par la main, véritablement, et sans en comprendre le pourquoi du comment, vous êtes à votre premier 50km. Cette distance, suivie des mots « plans d’entrainement » pourrait vous avoir effrayé, mais 2 pages plus loin, il se parle d’exemples de micro-aventures dans la vie de tous les jours et des « obstacles » :
À partir de là, après une présentation des différents types de vélo (ville, VTC, pliants rigolos et mal équilibrés, randonneuse « française » et pour la modernitude, le gravel en patois de Paris / gravier en françois des chaumières / garnote en québecois), après une explication sur le minimum de mécanique à connaître (changer/réparer son pneu, à défaut de savoir la changer, observer l’état de sa chaine, la liste du matériel à emporter…), vient la construction du projet en lui-même, étapes après étapes : apprendre à connaître son vélo, ne pas en faire trop d’un coup, choisir sa route, s’équiper en vêtement…
Pour chaque point sont dégrossis les qualités et/ou les défauts de la chose / de la matière, quelques données techniques accompagnent un choix qui vous est laissé de toute façon. Ce dernier point est très important ; ce livre qui se dévore comme un roman, n’est pas un « guide d’achat » pour vous pousser « à ». Par ailleurs, il n’y a que très peu d’anecdotes personnelles d’un tonton Robert qui n’aurait jamais réussi la traversée de l’Atlas sans être équipé du dérailleur KBZ-xx-39 « mais vous n’avez pas connu ça les jeunes ».
Une fois le chemin étudié, place aux nécessitées de la vie, c-à-d, manger, boire et… dormir.
Ces choses-là sont également évoquées dans l’idée de vous accompagner, par exemple : « pour une dimanchée, n’emportez que le strict minimum […] limitez votre chargement à 5/7 kg […] dans un pays où les magasins [ndr : ce n’est pas dit ainsi ] “acceptent la carte bancaire vous ne risquez rien” ».
Vous l’avez compris, ce guide est vraiment bien fait, tant du côté de ce que pédaler peut être niveau sensation qu’aux équipements (sacoches, sac à dos…), tant de la monture que de la personne dessus et au delà, dans divers domaines auxquels il n’est pas évident d’avoir pensé (possibilité de le mettre dans le train…). Il y a également un bref rappel des principaux panneaux nous concernant et des règles de sécurité.
De plus, il est très bien présenté et donne quelques exemples concrets de micro-aventures en fin d’ouvrage, une abondante ressource et un lexique assez fourni.
Des points noirs cependant ?
Oui :
C’est peut-être là l’oubli le plus regrettable dans un guide grand public :-p
« Bike Café »
« Bike Café » est un cyber-cahier dont le sujet principal est le vélo, les différents types de vélo, beaucoup de garnote mais également le mono-vitesse, le vétété et le système de sacoche pas ringard puisqu’il se « scratcheuh » au cadre…
Keiko Koyama
La présentation officielle est toujours celle-ci :
Heureux de vous revoir au Strade Bianche, un magasin de vélos ressemblant à s’y méprendre à un café !
Mais le paragraphe suivant dit :
Les anecdotes concernant la jeunesse du patron Véloutre s’enchaînent et tous les clients n’en croient pas leurs oreilles ! Des vélos, d’excellents menus de saison et une très looongue course sont au programme pour ce dernier tome !
C’est la fin de la série. Il y a toujours Véloutre et Isa qui… il y a un arbre qui tombe sur la boutique et empêche son ouverture au public… il y a Alpaga Touffu qui (ne) gagne (pas) car… C’est la fin alors que le livre débute par l’arrivée de Quokka, son sourire béat — une caricature du commercial comme il s’en trouve dans certains supermarchés du sport, vous savez, les boites de zones dont les dirigeants roulent en VUS et stationnent sur les passages piétons, voir, qui ne montent pas un étage sans ascenseur — et les ennuis qui vont avec. Sont présentés, enfin diront certain⋅e⋅s, les vélos sur tapis, sans oublier les électrocyclettes sous la forme du VAE (de mémoire, dans un numéro précédent, seule la roue était électrifiée).
Bref, c’est une belle fin de série, pas tristounette, mais une fin nécessaire pour éviter de faire des ronds sur le vélo comme des poissons enfermés dans un bocal.
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